Franck Alazet - Management, Coaching & Rugby

Depuis l'année 2010 noire pour le footbal français, beaucoup se félicitait de voir à côté du sport phare en France et dans le monde un petit "village gaulois", d'image positive véhiculant des valeurs, un état d'esprit en marge de tout ce que le professionnalisme peut amener en argent, négociations, publicité ...

Ce sport véhiculant encore une image différente est le rugby cher à nos coeurs. Et nous devrions parlé de 2 rugby. Celui des villages, celui que l'on peut voir au niveau des jeunes et dans le film de Philippe Guillard "Le fils à Jo" (cf mon édito sur le film), et celui que l'on voit en prime time le dimanche soir, celui avec les chars avec des muses dénudées amenant un ballon doré et rose , le rugby professionnel.

Et le second rugby a pour moi franchi un pas supplémentaire en ce début d'année 2011. Nous sommes le 3 janvier et pratiquement un mois avant la date officielle de février pour pouvoir parapher les contrats, la course à la bonne affaire est dejà lancée ....

On se retrouve ainsi dans les pages sportives avec le "Mercato", des clubs pistants les joueurs en vue, des tractations entre les clubs etc .... Bien loin du rugby "traditionnel" où le maillot et l'attachement d'un joueur à sa ville comptait plus que le reste (Serge Blanco qui a joué toute sa carriere à Biarritz, Emile Ntamack au Stade ....)

On a ainsi les rumeurs sur le départ de Byron Kelleher du Stade Toulousain pour aller vers Bayonne , les pourparler en stand by entre Dussautoir et le Stade Toulousain, des sollicitations de Julien Thomas par le RC Toulon ......etc

Bien sur il faut vivre avec son temps, et on ne peut pas en vouloir aux joueurs de négocier au mieux leur cariere et les années de haut niveau ...cela fait partie du jeu.

Mais il faut aussi constater l'évolution qui ne va pas forcément dans le bon sens, et voir que le rugby semble emprunter en version accélérée la voie déjà empruntée par le football.... et où on peut, comme dans notre société dire le tout et son contraire sans rougir.... La vérité du jour n'est pas celle du lendemain, mais comme d'autres sans doute, je suis déçu dans ce cas par l'exagération des propos... Je n'oublierai jamais les propos de Byron exprimant son souhait de finir et de s'installer à Toulouse, qu'il se sent autant Toulousain que All Blacks etc...

Je ne dis pas qu'il ne le pensait pas forcément, mais si c'est pour 2 ans après filer à Bayonne ....

Je ne me permettrai pas de juger car il y a certainement la face immergée de l'iceberg et les voies impénétrables de la gestion des hommes, mais je croyais en cette belle histoire : ce joueur mythique venant s'installer ici et fier de terminer sa carriere dans notre belle ville rose. Je ne pense pas non plus que ses propos aient été neutre pour l'adoration démontrée à Byron par le peuple toulousain, même si son comportement sportif et les résultats ne sont pas à minimiser.

Comment gerer un groupe ou 4 mois avant la fin du championnat, les joueurs doivent se préoccuper de leurs futurs contrats, des négociations de salaire, ....

Et l'on va assister aux 4 gros se répartissant les richesses, les joueurs en vue ou prometteur au détriment d'une certaine stabilité géo rugbystique.

Comment ne pas y penser en voyant Bourgoin quasiment condamné à la pro D2 , quand on voit les anciens berjalliens dans les plus grands clubs français et en équipe de France ... Toute cette formation donnée, cette richesse du terroir dilapidée au plus offrant et condamnant un club qui par sa formation, son public, son histoire etait un pilier du rugby Français .... et il y en a eu d'autres avant ...

Les clubs ne sont pas innocents non plus et parfois leur politique salariale est un peu surprenante de l'éxtérieur .... Comment par exemple, si ce qui est relaté sur les sites de transfert est vrai, comprendre que le Stade Toulousain ne propose pas suffisamment pour prolonger son capitaine Thierry Dusautoir pour par ailleurs proposer d'avantage pour le capitaine de l'équipe d'Autralie ....

Si tel est le cas, normal également que les joueurs en viennent à regarder ailleurs et aller au meilleur compromis salaire / ambition / reconversion...

N'est il pas plus valorisant de capitaliser sur les personnes en place, intégrée ou formée au club plutot que de parier sur la venue de joueurs étrangers au club ?

Je n ai pas la réponse et des exemples peuvent me donner tort (Wilkinson au RCT, Kelleher au Stade , ....ont énormement apporté ), mais il y a aussi des exemples qui pourraient me donner raison (Aloeteola venant d'Agen au Stade, Lo cicero).... Comme toujours la vie n'est pas toute noir ou toute blange , et n'est constituée que de centaines de nuances de gris ...

Mais force est de constater également que le monde des bisounours n'existe plus et que désormais chaque société de rugby (les clubs) fonctionne avec ses ressources , ses compétences et en fonction de leur strategie, peuvent se transfrmer en chasseur de tête et "remercier" les cadres précédent ayant développé l'activite principale.

Je préférai les remerciements d'avant ....mais j'espere juste que le rugby saura garder un minimum sa specificité pour éviter dans quelques années, au cours d'une coupe du monde de rugby que nos joueurs casques sur la tête oublient de descendre de leur bus pour s entrainer et saluer leur public.....