Franck Alazet - Management, Coaching & Rugby

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Stade Toulousain - Perpignan : Choc tronqué ?

Ce soir nous pourrons assister à un match USA Perpignan - Stade Toulousain, avec une équipe un peu inédite.

Quand on regarde la composition de l'équipe, je pense effectivement que beaucoup ne reconnaitront pas leur joueurs habituels :

Le XV toulousain :
Poitrenaud - Kunavore, Lamerat, Fritz, Donguy - (o) Du Toit, (m) Michalak - Thuery, Lamboley, Bouilhou - Boukerou, Millo-Chluski - Montes, Lacombe, Perugini.

Remplaçants :
Vernet-Basualdo, Clément, Matthieu, Nyanga, Bélie, Ahotaeiloa, Gimenez, Lecouls.

 

Pourquoi le stade toulousain présente ainsi une équipe inabituelle pour le choc du troisième du championnat contre le premier ?

La réponse est simple en tenant compte du classement (Toulouse a 18 points d'avance sur le 5ème Bayonne), le contexte (match des 6 nations dans une semaine, Quart de finale de coupe d'Europe le 12 avril) et les blessés (Elissalde, Kelleher).

Bien sur, Toulouse ne va pas à Perpignan faire du tourisme car les joueurs présents sur le terrain n'auront pas envie de s'économiser mais il est évident que ce n'est pas l'objectif de la saison, et qu'il faut savoir accepter des résultats moins bons sur certains matchs pour pouvoir être opérationnel pour les moments clés du championnat.

Comment pourrait on en vouloir à Guy Noves, manager du club rouge et noir, et qui a permis avec tous ses entraineurs de donner le plus beau palmares national et international au Stade Toulousain ?

Guy , comme tout manager doit le faire, en entreprise ou ailleurs, est là pour atteindre des objectifs qui sont fixés par le président du club en fonction du contexte de la saison (renforts, sponsors, etc...) Il a donc à sa disposition un groupe, des ressources, et son travail à tirer le meilleur parti de ces individualités pour que le groupe y gagne. Il faut ainsi savoir se fixer des objectifs intermédiaires tout au long de la saison tout en n'oubliant pas l'objectif principal, mais pour s'accorder des moments de récupération tant physique que mentale.

Si le stade n'avait pas, même si cela a été douloureux, gagné le match contre Montauban, la composition aurait peut etre été diférente.

Non le problème de la gestion globale du rugby professionnel... Voit on aujourdhui dans d'autres sports des matchs nationaux en meme temps que des matchs internationaux ? Y a t il interet a faire des tournées d'été en sachant que les meilleurs joueurs ne feront pas partie du groupe car ils lutteront avec leur club pour le titre de champion de France.

Je ne blame personne, mais il suffit d'avoir un peu d'expérience dans la gestion de personne, comme pour mon cas, dans le cadre de projets, pour savoir qu'il faut faire attention au bon équilibre pression sur l'objectif, travail et aussi détente et repos.

Aujourd'hui, il est temps que le rugby arrête d'essayer de résoudre la quadrature du cercle, cherchant à concilier rugby de village, limitations de budgets, petits clubs, tout en disant vouloir avoir un très bon niveau international. Je ne pense pas que cela soit possible.

Le rugby est professionnel et attire les médias pour les gros chocs.

Tout en aimant des clubs comme Dax ou mont de marsant, il est évident que Canal + montre plus régulierement, les Stades, Clermont, Perpignan que dax, mont de marsan ou castres et c'est logique dans une optique commerciale et Canal doit amortir son investissement.

C'est un fait et revenir en arriere (Canal + baissant son implication, faute de vrais matchs de Gala) pourrait faire vivre au rugby ce que le basket a connu... Je me souviens encore des matchs de basket le samedi apres midi sur canal avec les chocs Limoges ASVEL etc... jusqu au jour où ...

Si nous voulons avoir un jour une équipe de France compétitive, il faudra que les sélectionneurs puissent avoir leur joueurs pour travailler.

Le match contre le pays de galles montre que nous possédons individuellement les joueurs pour rivaliser avec toute autre équipe ... il faut juste faire des ces individus un groupe, une équipe... et cela vient avec le temps et le travail commun...

Ce travail ne pourra être supporter par toute la famille du rugby si elle ne vient pas perturber le travail de chacun et donc trouver des périodes réservées à chaque partie.

Si je prend l'exemple de la gestion de mes ressources projets, je suis tout à fait d'accord pour que des personnes de mon équipe travaille sur d'autres activités dans la mesure où j'ai peut etre une baisse de charge , qu'elles y gagnent en expérience ou en connaissance et que cela aide mon programme ou la même famille de projets...

Voyons le rugby comme une gestion de salariés (il n y a qu'à oublier le cote sportif et regarder le rugby par le cote pro).

Je suis manager de l'équipe E, j'ai investi pour batir une superbe équipe qui est pour moi le meilleur compromis entre mes objectifs fixés par mon président, et les moyens qu'ils me donnent. Mon rôle est de faire progresser les individus et le fonctionnement de mon groupe pour :

- atteindre mes objectifs sportifs (objectif du club : palmares)

- faire joueur et progresser individuellement mes joueurs pour augmenter leur valeur et pouvoir les garder dans mon club sur le long terme (et avoir retour d'investissement)

J'ai donc tout interet à avoir des joueurs internationaux qui consituent une vitrine de mon équipe, de nos résultats et de notre travail qui donne aussi une autre dimension à mon joueur .... mais je dois préserver ce joueur pour pouvoir l'utiliser lorsque il me permettra de faire la différence et atteindre nos objectifs...

Nous sommes tous admiratifs devant les All Blacks, leur rugby, leur culture , leur valeurs ...En discutant avec certains néo zélandais, il est interressant de partager leur culture rugbystique. Ils sont par exemples étonnés du calendrier qu'on impose à nos jeunes joueurs qui jouent 10 mois dans l'année, qui ne font que du rugby, et qui peuvent ainsi à 25 ans et 15ans de rugby derriere eux être déjà saturé par leur passion ...

Ils font du rugby 6 mois dans l'année et profites des 6 autres pour découvrir d'autres activités...

Quant aux professionnels, ils sont préservés avec de grandes plages de repos...

Je lisais encore récemment la volonté de la ligue de ne pas vouloir toucher à l'existant puisque le surcalendrier ne touche que 30 -35 joueurs...

En soit effectivement, les joueurs jouant trop (championnat, coupe d'europe, XV de France) constituent un faible pourcentage des joueurs en activité....

Mais ce faible pourcentage , si on ne les "soignent" pas , si on ne les amene pas à leur plus fort potentiel , c'est tout le rugby qui n aura jamais de titre de champions du monde ....

Tout est question de choix, priorités et moyens ...ironie de la situation, c'est exactement ce que je dis à mon chef actuellement sur les possibilités de mon équipe à répondre à tous nos objectifs ...     

 

 



06/03/2009
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