Franck Alazet - Management, Coaching & Rugby

Le management est un "art" difficile... sans recettes préétablies ou recettes miracles ...

J 'ai amené mes garçons pour la première fois voir le match Stade Toulousain / USA Perpignan ce week-end. Match de doublon international avec la même problématique depuis des années qui est pour le staff de Toulouse de présenter une équipe privée de ses meilleurs joueurs. Ce weekend c'etait 11 joueurs en moins.

Il n'y a guerre de plainte sur la situation (comme je le disais, c est un serpent de mer depuis des années ces doublons, qui ne sont pas au crédit du rugby, quand on voit les autres sports gérer des pauses de championnat durant les matchs internationaux) mais au contraire une acceptation de la chose.

D'aucun prévoyait ainsi la perte de points dans ces périodes...où l'on pourrait imaginer qu'une équipe B viendrait en victime inoffensive ...

Après une défaite contre le racing, le weekend précédent, malgré une belle prestation, et quelques occasions qui auraient pu amener une fin de match plus incertaine, ce weekend nous a donc offert un nouveau weekend de doublon avec comme enjeu de ne pas perdre de points à domicile.

Je ne rentrerai pas dans l'analyse rugbystique de cette victoire bonifiée, malgré une première mi temps à égalité (15-15), mais il est intéressant de prendre cette victoire d'un point de vue management et se poser les questions de cette réussite.

Chacun pourra avoir sa propre analyse et ses propres réponses. De mon point de vue, une des raisons de cette continuité est justement une continuité de mode de fonctionnement.

Il n'y a pas d'équipe A, ou d'équipe B ... Il y a un groupe , renforcé depuis quelques saisons avec l'entrainement commun de l'équipe une et des espoirs. Cela permet pour le staff de voir évoluer le groupe complet , de bâtir ce groupe au quotidien et d'intégrer plus facilement les espoirs en équipe une, alors qu ils s entraînent ensembles au quotidien.

Mais au delà de cet aspect là, il suffit de voir l'évolution des compositions chaque semaine, pour voir que chaque semaine, le groupe peut se sentir concerné. à différents postes , d'une semaine sur l 'autre il y a des changements. 

Cela permet de maintenir la motivation de tout le monde, puisqu'il n y a pas ainsi de joueurs pouvant se sentir complètement écarté, et il y a une saine émulation, plutôt qu'une réelle concurrence.

Cela est renforcé par des objectifs communs et l'envie collective de les atteindre. Ce groupe a l'envie de marquer l'histoire du club, et de gagner tout ce qui serait possible de gagner ... Ce qui ne veut pas dire que le groupe se sent supérieur aux autres mais surtout, qu il fera son maximum pour être au niveau qu'il doit atteindre ... la défaite peut arriver (et arrivera) mais il fait que cela soit sans regret, en étant à son potentiel.

C'est une culture de club. On parle souvent de culture d'entreprise, et cet aspect"culture" dépasse les process écrits, ou les livrables. Cette culture se construit, se transmet par et avec les employés.. 

Tout le monde a pu voir, avec le transfert de Cheslin Kolbe, que personne n'est au dessus de l'institution du Stade toulousain.

Dans d'autres domaines, on dit souvent "les gens indispensables sont pleins dans le cimetières" pour souligner que quelque soit la valeur ou compétences des gens ,nul n'est indispensable ...

Les résultats pérennes se construisent dans le temps et la transmission est importante. L'an dernier, tout le monde a parlé du doublé coupe d'Europe et Top 14... On a moins parlé du titre Espoir.

Pourtant cette victoire est importante car elle récompense le niveau des jeunes espoirs et leur fait goûter la joie de la victoire... 

Une récompense et un gout de reviens y .. une telle adrénaline, une telle expérience ... 

De mes 4 années dans le staff des cadets (4 finales , 3 titres consécutifs avec 3 générations), j'ai pu aussi voir comment cette expérience amène les briques de fondations pour un futur au plus haut niveau, un apprentissage de l'esprit du jeu du club, les expériences renforçant la confiance ou renforçant l’esprit de gagneur. Aujourd'hui en équipe de France, les Mauvaka, Tolofua, Lebel, Verhague, Ntamack, au stade Toulousain Page Relo, Youyoutte , font parti des vainqueurs de certains de ces 3 titres en cadets...

et pour le denier titre, en 1/8 de finale, nous perdions à 3 minutes de la fin de match ... avant de passer devant et ne plus se mettre en danger jusqu'au titre.

Nelson Mandela disait "je ne perds jamais, soit je gagne , soit j'apprends" ...

Ces moments potentiels de doutes déjà vécu sont des éléments moteurs quand , plus tard, à des niveaux encore supérieurs on refait face à ce genre de situation.

Pour finir, et cela c'est encore vu sur le terrain ce weekend , l'équilibre "anciens", "jeunes" est primordial et illustre un sujet qui me tient à cœur sur la transmission. Les "jeunes" sont encadrés par des joueurs d'experience, au palmares étoffé, ou illustre au quotidien .. Ils peuvent s'inspirer de leur parcours, leur mode de travail, leur gestion des moments forts... 

La force du Stade, c'est que ces anciens ont eu , eux aussi, à leur époque, l'accompagnant des anciens de leur époque...

Je vois en entreprise que mon parcours et mon expérience d'aujourd'hui, peut être aussi le recul de la maturité me permet d'offrir,  à qui est ouvert à ce genre de choses, non pas des conseils, mais une écote active sur leur questions, parfois d'illustrer leur problematiques sur mon parcours en précisant que la solution que j ai trouvé à l 'époque était la solution parce que cela correspondait à ma nature, mon contexte, etc... que ce n'est pas une recette réutilisable telle quelle ... 

mais les questions à se poser pour trouver sa propre solution, peuvent être similaires.

De cette modeste et rapide analyse, je pense que l'état d'esprit , ou l'approche peut être appliquée et forte utile dans nos milieux professionnels ...